Originale signée numérotée

Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011

Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011
Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011
Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011
Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011
Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011
Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011

Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011
N'hésitez pas consulter mes autres. N'oubliez pas de m'ajouter à la. Gérard Trignac, né le 19 juin 1955 à Bordeaux, est un dessinateur, illustrateur, peintre et graveur contemporain français. Il est connu pour ses paysages urbains imaginaires et lillustration de textes dauteurs tels Calvino ou Borges.

Formation uvre Description Illustration d'ouvrages de bibliophilie Fantasy Collections publiques et conservation Expositions et récompenses Annexes Bibliographie Notes et références Liens externes Gérard Trignac est né à Bordeaux; il étudie d'abord l'architecture de 1975 à 1978, après un bref passage à l'École des beaux-arts, en 1982, Gérard Trignac est lun des lauréats de la 53 e promotion des artistes accueillis à la Casa de Velázquez de Madrid , où il séjourne deux ans, jusquen 1984. Luvre gravé de Gérard Trignac sattache principalement aux thèmes des architectures imaginaires et paysages fantastiques. Certaines de ses gravures évoquent les compositions des planches de Piranèse. En dehors de travaux exécutés sur commandes, ses dessins explorent la même veine.

Il utilise à la fois leau-forte, le burin et la pointe sèche et assure lui-même les tirages, en nombre limité. Les jeux dombre et de lumière y sont importants, avec une gamme étendue de gris. Dans ses dessins, au crayon ou à la plume, ou ses lavis, il reprend souvent les mêmes compositions, les laissant évoluer dune technique à lautre. Le processus de création peut prendre plusieurs mois avant d'être complété. Son travail est figuratif mais dans ses planches, aucune présence humaine; seuls parfois de minuscules personnages qui passent presque inaperçus se fondant dans lenvironnement architectural.

Épris d'architecture, notamment celle de Claude-Nicolas Ledoux, il rassemble une documentation importante, dans les livres ou les revues avant d'exécuter des croquis. Une autre source d'inspiration vient de ses flâneries dans les villes. Les titres de ses uvres, choisis à dessein, participent de son univers poétique.

Son univers fantastique suggère le mystère et l'inquiétude. Gravure originale à l'eau forte et burin. De grand format tirée sur papier vélin. ++ très belle et parfaite épreuve signée et n° réalisée en 2011 ++. 53cm x 53,5 cm. ++ parfait état général ++. Ces Visionnaires imaginent les Cités utopiques, les grands déserts inconnus, les ruines oubliées, les cimes inaccessibles, les guerres barbares et dissimulées, les cortèges extravagants, les rites féroces, les danses sanguinaires, les jeux pervers, les mandalas, les spirales, les cataclysmes, les oasis, les îles inexplorées.. Car, vers 1970, Marcel Brion, le critique dart Michel Random, Michèle Broutta et quelques autres réunissent les uvres de nouveaux Visionnaires, les exposent, les commentent, les admirent. Il représente un paysage vénéneux : le grouillement des fleurs radieuses et macabres. Il dessine mille corps nus, serrés dans une immense vallée : des innocents destinés à des massacres recommencés. Pour La Clef des songes. (1966), la longue femme nue règne en un espace courbe, en un maelström de formes et de forces. Jean-Pierre Velly entrelace la tourmente et la précision : « Le déséquilibre est au-dedans de nous, cette sensation dêtre toujours sur le fil du rasoir », dit-il. Il parle, parfois, de « la beauté apocalyptique ». Ou bien, il remarque : « La vie est une histoire merveilleuse qui finit terriblement mal. Dado (né en 1933) célèbre le triomphe de la Mort en rosé et en bleu, les décompositions, les désagrégations, les pulvérisations, les excroissances, les proliférations, les contagions, le chaos baroque, lexpansion généreuse, lharmonie hagarde. Il exaspère les lignes et les teintes.

Il relit sans cesse le. Anatomiste fiévreux, tératologue, il dessine les tourbillons où se fusionnent les griffes, les mâchoires, les viscères, les zones indéterminées, le sang. Ljuba (né en 1934) multiplie les perspectives perverties et outrées, les anamorphoses, les déplacements des choses, les formes dilatées et modifiées, les plantes insolites, les pierres transformées et fluides, les paysages perturbés, le jeu du réel et de létiré, les androgynes lumineuses, la sensualité des jeunes géantes, les corps-cristaux, la géométrie mouvante, les machines-fauves, la poussière des étoiles, lessaim des corpuscules, les monstres à tête de méduse, les orgues de cristal, le « mystère en pleine lumière ». Ses couleurs sont tantôt sombres, tantôt stridentes. Il rend des hommages aux cauchemars de Fussli, à.

De Boecklin, à des romans de science-fiction, à Victor Hugo, au. De lethnologue Frazer, à Kafka, à Lautréamont, à Dante... Souvent, il rencontre les démons, les anges et lavenir des humains. Il note : «Pour moi, le monde est un monde de terreur. Ce qui mintéresse dans lart, cest lhallucination...

Il faut convertir le réel sans le trahir, lacheminer vers la vision. André Breton, le philosophe Gaston Bachelard, André Pieyre de Mandiargues, Alain Jouffroy, Marcel Brion, Michel Random. Admirent les gravures de Le Maréchal.

« Les villes de Le Maréchal sont construites sur un tremblement de terre... Les drames de la lumière et de lombre sont des batailles menues, intimes... Commente sa propre gravure, Le Mont Kailâsa : «Sommet blanc éblouissant, cristal, neige et diamant.

Cascades de glace bleu vert. A ses pieds, entre les deux collines, né dune larme, le lac de la Compassion, du vert émeraude le plus pur. Parfois, il oppose le « vital inférieur » et le « supramental ». Les cascades montent vers le ciel. (né en 1943) guette le chaos.

En hommage à Cioran, il propose un « Précis de la décomposition ». Il construit le Palais du Feu. Il éprouve la nostalgie de lUnité et les jouissances du pluriel. Il se souvient de lhistoire des strates de la Terre bouleversée. Il dévoile léruption des gemmes et du cristal : des talismans sans limites, des pierreries qui regardent.

Il aime lart savant et sensuel. Il figure les chutes, les assomptions, les ravissements.

Il choisit souvent la profusion et lincandescence. (né en 1944) ne cesse de graver.

« La gravure (dit-il) est pur venin. Je ne peux pas men débarrasser. Un ange ailé est ligoté. Avec ironie, il note : « Si certains de mes personnages sont dans un état de décomposition assez avancé, cest quils nont pas évolué à la vitesse du reste du monde. » La mort, la douleur, la violence saccélèrent. Alain Margotton (né en 1948) suggère le prologue dun drame cosmique: « larrivée des cygnes », « un paysage mythique », des anges, des apparitions..

Didier Mazuru (né en 1953) serait peut-être le neveu du surréaliste Yves Tanguy. Il peuple les volumes courbes et lisses, les concrétions minérales, les végétations illusoires et luxuriantes, un bestiaire artificiel, des personnages qui ne dialoguent jamais. Il peint le fastueux ossuaire des songes, les rencontres chimériques, les lieux et les temps contradictoires, les horizons irrésolus. Les têtes gravées dYves Milet Desfougères (né en 1930) sont hantées par la force du destin et par le désarroi. (né en 1955) entrebâille les hautes portes du Silence.

Nul oiseau ne fend lair immobile. Nul lièvre, nul chien napparaît. On ne voit pas même un lézard sur les pierres effritées, désagrégées. Ses habitants se dissimulent, peut-être, dans de vastes demeures, semblables aux grands hôtels des quais de Bordeaux. Et, alors, des milliers dyeux épient sans être vus...

Peut-être, dès le début du Royaume, les lieux auraient été déjà ruinés et inhabitables... Les tours, les temples, les ponts, les escaliers, les machines, les barques nauraient jamais été utilisés par nulle personne...

Le Royaume des Immobilités Immortelles serait peut-être la matérialisation du songe dun rêveur inconnu et toujours inquiet. Grâce à laméricain Nall (né en 1948), les méchants fémurs et les vertèbres cruelles squattent le parc magique ; la grenade est un fruit qui explose ; les poupées macabres séduisent ; les rapaces attaquent les monastères ; les insectes voraces annoncent lApocalypse. Hélène Csech (née en 1921) tresse le filet du Destin ; entre les mailles, les vivants circulent. Selon le poète Claude Louis-Combet, Hélène Csech représente des êtres sans visage et sans nom, qui errent, « convoqués à laube de la conscience », silencieux.. (né en 1941) unit lanxiété et lironie. Une immense épave, oblique, senfonce lentement. Le douanier assoupi néglige le redoutable.

Lavion désemparé tourne dans la cathédrale-piège. Dans la même région, les gardiens impitoyables et les exilés définitifs ne se parlent jamais.

La jungle envahit le navire ivre. (né en 1948) préfère la prolifération, les accumulations, le foisonnement, les flots, les flux, lexubérance, le débordement, lencombrement, les foules, le carnavalesque, le grouillement ; il invente des villes souterraines ou suspendues ; il sinspire de la bibliothèque borgésienne de Babel.

A dautres moments, il imagine les places désertes, les vides, les silences de la mélancolie. (né en 1945) traduit une « partie de campagne » panique, cocasse, macabre. Les nuages sont empoisonnés, les vents mauvais, les squelettes excités, les marais maléfiques, les immenses huttes hérissées, les plantes corrompues. De lautre côté du pont, les fantômes viennent à notre rencontre.

Et les uvres hétérogènes des Visionnaires révèlent. Elles éprouvent le vertige du Temps. ECOLE FRANÇAISES DES GRAVEURS VISIONNAIRES Un monde à la recherche dune renaissance de lunivers par MICHEL RANDOM. Présente ici lécole française des graveurs visionnaires dont certaines uvres illustrent le numéro 1 de la revue. Avec lui entrons dans limaginal.

Ces artistes français règnent sur lart difficile de la gravure. Leur démarche, toute faite de symbolisme, laisse la place et aux cauchemars et aux rêves les plus fous. Sils ne sont pas souvent optimistes ils savent être poètes. Sensibles aux crises de conscience des hommes, à leur peur, leurs angoisses, leurs rêves, ils se font leurs interprètes.

Leurs dessins aussi témoignent de la grande mutation, leur vision cosmique et leur désespérance poignante laissent pourtant quelquefois poindre la fraîcheur dune nouvelle ère, lespoir dune simple fleur sur un paysage de désolation et de mort. Le mot école fait peur, le mot vision encore plus. Si nous accolons ces deux mots, où allons-nous? Messieurs, lart est un péril et la création est en crise.

Vous connaissez tous les graveurs visionnaires? A dire vrai, voici quelques années déjà quils sont connus, et reconnus.

Tenter donc dacheter une gravure de lun deux, ce nest pas si facile. Les amateurs sont nombreux, les tirages discrets et les nouvelles gravures apparaissent avec une lenteur extrême. Rien nest donc facile avec ces gens-là.

Mais en fait qui sont-ils? Des gens qui manient le burin ou leau-forte avec une maîtrise de vieux maître?

Il ny a pas de doute. Des artistes inspirés et débordant de talent? Après tous ces conciliabules où peut-on les rencontrer? Ça cest la plus belle énigme.

Ils sont dispersés aux quatre coins de France ou dAilleurs, mais il y a des moments, des lieux de retrouvailles et de fêtes. Les amis se retrouvent toujours. Les voici : ils se nomment Jean-Pierre Velly. Et le benjamin de tous Fabrice Balossini.

Et, bien sûr, il y a les copains des copains, mais la liste serait trop longue. En bref, soyons sérieux, pourquoi sont-ils, eux plutôt que dautres, des « graveurs visionnaires »?

Tout discours sur lart est un discours piégé. On risque les généralités et la louange fleurie, et ces louanges ne sont souvent pas justifiées. Parler dart est difficile et dart visionnaire encore plus. Car, lart visionnaire nexiste pas. Ce qui existe, cest soit une uvre rare et privilégiée dont la force et la beauté sont le résultat du talent et de la technique certes, mais plus encore de convergences réussies : cest linspiration qui traversant le fond et la forme simpose, se burine elle-même, prend corps à travers un poète, un musicien, un graveur, sincarne en paroles, musique ou signes, se génère elle-même comme source inépuisable dinspiration et de vision. A ce degré, nous avons quitté limaginaire, pour parvenir en cette terre où les choses, les idées et les sentiments nont plus un corps mais une « corporéité ».

Ce monde était traditionnellement décrit comme le monde où le corps a réalisé son alchimie ultime après maintes morts et renaissances, et sest fait corps lumière. Cest le « lieu » de cette terre imaginale quHenri Corbin nous a révélée à travers le soufisme chiite persan. Lart visionnaire est en fait la somme de toutes les « visions » de tous les moments rares et exceptionnels ajoutés les uns aux autres. Cest un art au-delà de lart.

Autrefois les grands imagiers mystiques se purifiaient et faisaient des prières avant de commencer leurs uvres : aujourdhui on boit peut-être un coup de rouge, mais la pureté intérieure et intrinsèque est la même. De toutes les façons, luvre est rare, mais quand uvre il y a, il faut savoir sarrêter, interroger, comprendre. Il est tout à fait remarquable quexiste en ce moment une école française de gravure dune si grande qualité.

Les Autrichiens se sont énormément enorgueillis de lécole du réalisme fantastique de Vienne comprenant de grands peintres tels quErnst Fuchs, Hausner, Lehmden, Hutter etc. Le succès de lécole de Vienne est dû certes au talent des peintres eux-mêmes, mais aussi au fait que la peinture est infiniment plus rentable que la gravure. Pousser la cote dun peintre, cest pour les galeries une bonne ou une très bonne affaire pousser la cote dun graveur nintéresse que très médiocrement les galeries.

Les bénéfices resteront minces quoi quon fasse. Et pourtant, quand Jean-Pierre Velly ou Doaré travaillent une année sur une gravure, luvre est non moins astreignante. Si la valeur dune gravure ne se mesure pas nécessairement au temps quon y passe, il est évident toutefois que travail, talent et temps sont souvent les facteurs dune grande réussite.

Qui a dit que le génie, cétait 5 % dinspiration et 95 % de transpiration? Toutes ces considérations ont peu à voir semble-t-il avec la vision. En fait, cest comme si on disait dun moine que labourer son jardin a peu à voir avec le mystique. Le graveur est aussi un jardinier, et sa terre, cest-à-dire la plaque de cuivre, est une surface non moins difficile et ingrate à faire fleurir.

Nous reconnaîtrons tardivement que la France possède donc une « école » ou un groupe de graveurs et de peintres qui sont en marge des courants classiques de lart. Ils ne sont ni figuratifs, ni surréalistes, ni vraiment fantastiques bien quun certain fantastique apparaisse dans leurs uvres.

Ils sont avant tout « visionnaires » au sens où ils sefforcent de lier sensation intérieure et exigence de lesprit, rêve et au-delà du rêve. La vision nest pas lart déchapper aux choses, cest au contraire lart de condenser, de faire descendre le mystérieux vers soi. LArt fut de tous temps le voyage intérieur et le voyage des dieux. Cest le dieu du mythe qui apparaît ainsi armé de ses vertus alchimiques. Donc lart visionnaire réintroduit lhomme dans luvre mais luvre est libre, comme libre est lhomme au sens de la vision.

Voyage où les principes du mercure et du soufre opèrent, ceux de la vie et de la mort et surtout leur dépassement. Cest pourquoi si Velly, Doaré, Rubel, Mockel sont familiers avec les thèmes de la mort, ils le sont pour repousser la mort derrière la mort, pour bâtir lhallucination non pour elle-même, mais comme la frontière de cet Ailleurs, de cet au-delà des mondes que la conscience éveillée scrute sans cesse.

« Quand on touche le fond, dit Jean-Pierre Velly, on ne peut plus rien communiquer. Cest pourquoi tous les visionnaires sont mystiques.

Parce que là se découvre un langage inexprimable, un langage unique ». Ce langage unique, cest un langage blanc ou un langage transparent ou un voyage au sein des transparences ou le voyage des dévoilements. Quelque chose est là, vibrant, secret, intime aux choses. Ce quelque chose, nest ni lobjet, ni la chose vue, ni moi, cest lalliance des deux ondes qui interfèrent et vont créer cette réalité du centre, qui nappartiendra à personne, qui tout simplement sera. Pour passer du concept au concret, il faudrait voir certains tableaux de Le Maréchal, des uvres élaborées longuement au fil des ans.

Car pour gagner cette transparence qui est là toute prête, il faut en réalité temps et patience. Connaître les couleurs (mais Le Maréchal fabrique lui-même ses couleurs) appliquer une fine couche, laisser sécher et recommencer. La transparence dans la peinture, cest le secret des grands maîtres. Car dans vision il y a miroir, traversée des apparences, au-delà.

Au-delà, cest limage qui sefface, lil qui ébloui sapaise, voit sans voir, réalise peut-être le vide. « La vision, pour moi, dit Le Maréchal, cest la fin du mental, de lesprit tel quon le conçoit. On peut définir la vision comme un blanc indescriptible. Cest un mouvement formidable, une prémonition, un éclairement. Tout le reste nest quune forme provisoire et transitoire de lesprit.

Notre temps est celui dune tentation à tous les niveaux, une tentation qui se voudrait dépassement et qui échoue dans une grandeur avortée : cest par excellence la tentation de Babel. Il est dailleurs frappant que ce soit un thème sur lequel le benjamin de ces jeunes graveurs, Fabrice Balossini qui aujourdhui seize ans, a travaillé dès lâge de dix ans.

Il en a fait à douze ans le thème de sa première gravure. La tour de Babel pour Fabrice cest un peu la parabole avant la lettre de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le buf, de lhomme qui ayant reçu tout ce quil est de Dieu, veut mesurer ses forces avec Dieu lui-même. Ce même thème sous forme de villes géantes est repris constamment par un autre benjamin Eric Desmazières (né en 1948). Il est lui aussi lauteur dune tour de Babel, une cité de tours qui évoque toute la démesure dont lhomme est capable.

Desmazières sait admirablement jeter des villes gigantesques qui du haut de leur folle grandeur ploient tout-à-coup et commencent un fantastique écroulement. Il a surtout lart dintervertir les temps anciens et les temps nouveaux.

Comme si la grandeur des civilisations napparaissait quau milieu de leurs ruines. Que ce soit des villes modernes ou des temples comme devaient lêtre ceux de Ninive, de Persépolis ou de Babylone, leffet est le même ou presque. Car finalement, cest la même humanité, misérable, éclatée, qui est réduite à se retrouver autour dun feu comme sans doute aux origines de lhumanité. Et en même temps on pressent que ce nest quune parenthèse entre mille et que la vie va reprendre.

Cet art de lier lancien et le nouveau se retrouve chez J. Le futur est déjà là, comme limage dun commencement ou dune fin sans cesse vécue et revécue à travers les temps.

Le danger aujourdhui, ce nest plus la peste ou Gengis Khan ou Tamerlan, le vrai mal, un mal sinistre qui est comme la synthèse même de tout ce qui est mal, cest pour J. A maintes reprises, il a évoqué ce thème avec une verve acerbe et un humour constant. La planète asphyxiée par son trop-plein de boites de conserves et de détritus de toutes sortes, y compris des détritus humains, a tout rejeté dans le cosmos.

Et le soleil lui-même napparaît plus que comme un disque pâle autour duquel les détritus tournoient à linfini. Les humains eux-mêmes sont des poupées dérisoires, des êtres où désormais les formes tubulaires de la mécanique et les viscères organiques font un étrange mariage. Le robot organique humain, cest lultime frontière franchie, lhomme devenu lui-même objet parmi les objets. Il est bon que la fraîcheur de la vie se retrouve chez de tels graveurs, une fraîcheur qui malgré son fond dapocalypse désespéré, redresse la tête et refuse précisément de se résoudre à cette folie de la fin des temps. Les écologistes devraient tirer dimmenses affiches des uvres de Velly.

Le néant de notre société, le vide des corps et de lesprit, la monstrueuse illusion dun bien-être factice gagné au prix dune destruction planétaire, qui donc a traité ces thèmes avec une vision et un art aussi aboutis? Le chef duvre de Velly est sans doute une gravure quil a mis un an à réaliser en travaillant dix heures par jour : Le Massacre des innocents. Une marée, un océan humain emplit la terre jusquà lhorizon et fuit sans savoir où. On ne finit jamais dimaginer le pire, de même quon ne finit jamais de découvrir le fond de labsurde. Quand on simagine les trésors de science, dintelligence, de travail et de courage, toutes vertus positives quil est nécessaire pour bâtir une civilisation comme la nôtre, on se demande par quel incroyable renversement tout ce bien va servir à lanéantissement général, et pourquoi même une telle absurdité est-elle possible.

Le « massacre des innocents » se répète dans lhistoire chaque fois que lhomme cède à la tentation de Babel, à la toute-puissance de sa foi en lui-même. Le dieu machine, le déterminisme, la causalité, les pistons manichéens de lefficacité pour lefficacité, de la raison raisonnante, voilà la grande préparation, la suprême illusion qui porte en elle-même lanéantissement et le massacre futur de tous ceux qui, innocents ou non, se laissent prendre à lillusion technologique.

Velly nous burine ces évidences avec une force et une science rares. Il nhésite pas devant notre enfer, mais il nen rajoute pas non plus. Il suffit, dirait-il, de le décrire minutieusement assaisonné dhumour et cest ce quil fait. Et puis, de temps à autre, Velly marque une pause et aborde un rêve de fraîcheur. Un ange passe comme on dit.

Un ange qui derrière ses ailes déployées, laisse dans son sommeil apercevoir une terre réelle, une terre simple faite de fleurs et des arbres de tous les jours. Et lon se rend compte alors que le paradis terrestre, cest cela, notre terre quotidienne, toute fraîche et charnelle, une terre non souillée. Le songe nous offre limage de la vague pure infiniment renouvelée, de limmense nuage qui roule sa majestueuse mélancolie, des arbres qui parfois se dressent encore au-dessus des détritus, dernière image dun reste de vie. Et puis, couché dans ce rêve même, voici lhomme qui se retrouve fils du ciel.

Voici les fils ténus et innombrables qui relient lhomme au cosmos, non, qui font de lhomme et du cosmos une même unité. Imaginons que la planète désormais morte roule silencieuse à travers les temps. Enfin, voici le jour de ce temps entre les temps, celui de la Résurrection.

Alors un spectacle dantesque se déploie, la terre se soulève et cette terre, ces montagnes, ces fleuves prennent formes humaines. Toutes les pierres et les racines nétaient donc que des êtres immobilisés.

« La Mémoire géologique », titre de la plus belle gravure dYves Doaré (né en 1943) révèle ce quelle est : la mémoire sans fond de toute lhumanité de lorigine à la fin des temps. Les gravures comme la réalité sont faites pour être vues, non pour quon les décrive. Mais quand ces gravures sont le support dune si intense vision, on sent bien que limage conservera son contenu quoi quon en dise. Cette gravure de Doaré est sans prix. Elle est jusquà ce jour son uvre maîtresse : une énigme, profonde, dense, bouleversante parce que les fins premières et dernières se trouvent réunies.

La terre nest faite que de corps, mais est-ce la terre ou une autre dimension? Car il ny a plus ni terre, ni ciel. Il ny a que cet éveil, cette force des jaillissements venue dAilleurs.

Il ny a que ce mystère et cet Ailleurs même. Quelque part la nuit bouge. La nuit est la substance de la vision. Les poètes et tous ceux qui goûtent la densité obscure des choses savent que lombre, la lumière et la nuit sont des territoires où le passage du noir au blanc, cest le passage même, la lisière de labsolu, le lieu où lappel, la convocation, lautre côté du monde apparaît. Cest sur cette lisière que Francis Mockel (né en 1904) convoque ses entités, ses formes envoûtantes et quelque peu effrayantes. Quelque part la nuit bouge sous la force du désir et du rêve. La vision, celle des morts solitaires (le noir), cest lépanouissement des chairs féminines (le blanc) qui représentent toute la force du vivant.

Mockel travaille ses eaux-fortes comme un boulanger fait le pain. La pâte quil pétrit, ce sont les acides et ces liqueurs corrosives sont goûtées, senties, humées comme si la vie sajoutait à la chimie pour rendre plus alchimique la vision.

Partie de Campagne ancienne et moderne. Lune de ces uvres significatives de ce qui vient dêtre dit est une gravure que Georges Rubel (né en 1945) nomme « Partie de Campagne ancienne et moderne ». Dans un univers doutre-monde, où ruines, terres et eaux se mêlent sous un ciel de fin du monde, un couple de squelettes copule sur une immense tête de mort. Les mots sont pauvres et la gravure est riche. Car en définitive, tout est apparemment morbide et rien ne lest dans cette gravure.

La subjectivité est extrême et la distance entre le moi et luvre est immense. Plus je descends en moi, plus je suis loin de moi.

Si Rubel construit des hallucinations réelles, si ces images semblent rêvées et piégées, cest que tous les mondes de la mort sont faux. Ce qui est vrai, ce sont nos projections sur la mort. Cest notre il qui rend réelle une mort illusoire.

Mais cette illusion est lobjet et le fruit dun doux maléfice. Rubel en a fait son monde, pour en exorciser lenvoûtement. Il rejoint en cela son maître Bresdin qui lui aussi aimait promener son spleen dans ce monde intermédiaire. Il existe un air de famille entre « Partie de Campagne » de Rubel et « Eclaircie dans la forêt » de Bresdin. Dans les deux cas ; cest une méditation sur la vie qui naît de la mort et la mort qui se détache de ses propres fantasmes pour laisser place à la vie.

Dans les deux cas, cest lattirance et la fascination de la mort qui est exprimée et cependant combattue avec ses propres armes. Finalement les ossements, le souffle de la terreur nocturne, la danse des fantômes et les cris des chouettes, cest un merveilleux décor pour arracher la peur à la peur et aller au-delà. Entre lombre lunaire et froide et la naissance du soleil il existe une mince lisière, celle de léternel renouveau. La vision , cest le jeu de ce passage entre ceci et cela, entre mort et vie, entre ce qui est et ce qui nest pas. La vision, cest lunion des contraires, et la source où lunité, le continuum de toutes choses se manifeste. Ce titre qui est celui non dune gravure, mais dune peinture de Jacques Houplain, pourrait en fait être celui de toute son uvre. Jacques Houplain (né en 1920) est un vieux routier de la gravure et lui, a fait carrément le saut. Il demeure là où les sources sont nées, où le conflit entre ombre et lumière sest apaisé.

Il a franchi autrement dit notre dimension et vit, voit, écoute ailleurs, sur une autre planète et dans un autre temps. Son jardin na ni ossements, ni têtes de mort, il est surtout composé de constructions étranges et attirantes : des châteaux-racines, des châteaux-chevelures, des châteaux-trous de gruyère ou des châteaux-décors de ballets pour la quatrième dimension. Jardins faits de coraux enchâssés dinnombrables yeux.

Cest le minéral vivant, le monde où tout est présence. Est inexprimable Créer une uvre, cest vivre et se laisser vivre par cette uvre. Pas de définition donc, sinon celle-ci : va à ce qui est, et ce qui est te dira ce quil est.

Le Jardin alchimique de Moreh. Il est particulièrement heureux dachever tout voyage par une agréable promenade.

Si nous avions loccasion de hanter le jardin de Moreh, que de belles découvertes ny ferions-nous pas. Moreh est un admirable graveur danimaux qui nest « visionnaire » quen peinture. Et encore nous sommes ici à lopposé dune vision naissante comme une eau vive chez J. Chez Moreh la vision possède cette connaissance hiératique, ces mots de passe, ces signes de reconnaissance qui sont ceux de lalchimiste. Je construis la vision comme je construis un alambic et le reste sera donné de surcroît.

Le merveilleux est que souvent une inspiration juste est au rendez-vous. Même le sage disait quelquun, peut tenir le panier des rêves. Ici, cest moins donc la vision spontanée qui laisse le pas à la vision des signes et des symboles et pourtant la beauté est au rendez-vous. Les quatre éléments font la ronde, larbre de vie et larbre alchimique nouent leurs puissances conjuguées. Sont des visions qui simposent à moi.

Par exemple, durant des années, des sujets tels que luf, des animaux mythiques tels que la licorne, des êtres hybrides etc. Provoquaient en moi une réelle aversion. Or, envers et contre tout, ces thèmes se sont glissés dans mes tableaux. Je devais les peindre au point den perdre le sommeil. » Cest toute la dramaturgie du signe qui apparaît.

Pourquoi telle image archétype vient-elle simposer à soi et pourquoi pénètre-t-elle toute vie de son propre destin. Ce qui vient, vient de ce champ de pensée qui anime les mondes. Cest donc chez tous les graveurs et peintres une exigence qui nest ni du mental, ni de limaginaire, mais qui est tout simplement. Chaque créateur devient ainsi en lui-même le Livre de la Création.

La vision est une marche rude et dangereuse mais elle répond précisément à linquiétude contemporaine. En vérité nous sommes dans le labyrinthe, dans un labyrinthe hanté où tous les cheminements sont possibles parce que désormais tout est possible Mais il faut aller au-delà des images.

Les vrais joueurs de dés savent aujourdhui que le hasard nexiste pas, que tout est écrit, que la page même où lon écrit ce qui est, se sert de ma propre personne pour authentifier ce qui est discernable dans ce présent immédiat. Quelque part, je suis interrogé. Cest le secret du voyage, et des lectures visionnaires de tous les temps, mais qui aujourdhui doivent se révéler avec une alchimie où chacun tente avec ses propres clés, tous les modes du possible.

Cette vision, il faut sefforcer de la découvrir en toutes choses, la face de jour et la face de nuit, ou celle de la mort qui nous obsède. Les temps de lApocalypse sont peut-être aussi les temps de la Résurrection. A lorigine existait la Vie, à la fin existe encore la Vie.

Cest létrangeté du voyage que de vouloir allier aux extrêmes une démarche qui inclut tout parce quelle ne retient rien. Voyons ces jeunes gens, qui par le burin, leau-forte ou la pointe sèche, dégagent des uvres où la dignité du trait et la beauté du noir et blanc composent des images où tout est dit dans lextrême rigueur, vision sans doute mais exigence aussi, exigence que la conscience de la chose à dire réclame la science du dessin, la science du trait, la science de la contention ; et cette science qui est conscience, caractérise la nouvelle génération. En marge de tous, il faut sans doute parler de luvre de François Lunven. Mort en 1971à lâge de 29 ans. On disait de lui quil serait lun des grands maîtres de la gravure contemporaine.

En lui se poursuivait la vision dun monde articulé, réinventé où la mécanique et lorganique faisaient détranges mariages : Lunven dessinait des monstres, des figures de crustacés, des constructions où limaginaire voulait appréhender et reconstruire son propre monde, son propre mode de reconnaissance. Le réel et limaginaire se sont noués et dénoués sans doute tragiquement. Cest pourquoi il ny a quà regarder comme au-delà dune autre planète. Existe-t-il une manière de conclure un voyage dont lobjet est dêtre sans fin? Comme la vie sachève dans une plus vaste vie, comme le regard se réalise dans une immensité sans limites.

En réalité les choses nexistent que si elles sont pour nous précisées, polarisées, focalisées sur un sujet, un lieu, une idée, un état. Cest notre manière de gravir, deffectuer, lillusoire ascension de lêtre et du connaître, cest lillusoire recherche de ce savoir qui nous sait, de ce maître qui est en nous, de cette vision qui ne nous a jamais quittés. Les graveurs visionnaires ont ouvert un certain voyage, appris, vécu, illustré. Les maîtres-tailleurs de pierre scellaient leurs symboles, leurs clefs de reconnaissance dans la pierre en un lieu souvent invisible cétait une marque de compagnonnage, une clef, mais un clin dil aussi à travers le temps. Nos graveurs visionnaires ont renoué avec cette tradition, leur clin dil est bien caché, mais il existe, à nous de le trouver.

ANTONINI, ANVAR, ARMAN, ARNULF, V. ATMAN, ATTALI, Mario AVATI, BALGLEY, S.

BALLIF, BALTHAZAR, BARDONE, BEALU, BEAUDEQUIN, A. BEAUFRERE, Eugène BÉJOT, Hans BELLMER, Paul BELMONDO, J. CARTON (2), Axel VON CASSEL, A. DIAZ, Yves DOARÉ, DOMETTI, DONATELLA, B.

DUNOYER DE SEGONZAC, ELI-LODEHO, J. FAUCHEUR, FILIBERTI, FIORINI, FOUGERON, Jean FRELAUT, L. GIRARD, GIRARD-MOND (10), GOLDKORN, Marcel GROMAIRE, Cl. HAUDOUIN, Stanley William HAYTER, Ph.

François HOUTIN, Valentine HUGO, Ph. KUNTZ, Jean - Emile LABOUREUR, H. LAFORCADE, LA JEUNE GRAVURE CONTEMPORAINE, LA MAUVINIERE, L.

LANNOY, LARS BO, LEBEDEFF, G. LEHEUTRE, LELIEVRE, Stanislas LELIO, LÉOPOLD-LEVY, LEPERE, H. LINARD, LOBEL-RICHE (1), Alain LOISELET, LOTIRON, LOUTTRE B. MATHONNAT, Ph, de la MAUVINIERE, A. MOCQUOT, Philippe MOHLITZ, MONGROLLE, A.

MONTANDIN, MONTAUDON, Henri MOORE, P. MOREAU, MOREH, MOYANO, Zoran MUSIC, NAKACHE, M. PODINI, QUILLIVIC, RAMONDOT, Odilon REDON, J.

SEGUY, SENECA, SERENITÉ, Michel SEUPHOR, G. VILAGE, Javier VILATO, André VILLEBOEUF, Jacques VILLON, H. L'item "Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011" est en vente depuis le jeudi 3 octobre 2019.

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  • Style: 2000
  • Authenticité: Original
  • Période: XXème et contemporain
  • Type: Gravure
  • Caractéristiques: Signée
  • Genre: symbolisme/art visionnaire/fantastique
  • Support: Sur papier
  • Thème: Fantastique,architecture


Gravure orig Gerard Trignac sign/n° Ville Fantastique Desmazières Mohlitz 2011